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L’impasse israélo-palestinienne

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Lancée le 8 juillet 2014 par l’armée israélienne (Tsahal), l’opération Bordure protectrice (littéralement « opération Roc inébranlable ») se poursuit dans la bande de Gaza. Cette offensive constitue une nouvelle étape dans l’un des plus vieux conflits de la planète : le conflit israélo-palestinien (66 ans). Il s’agit d’une guerre asymétrique de type guérilla urbaine opposant une armée régulière (Tsahal) à des combattants irréguliers, résistants et terroristes souvent issus de la branche militaire du Hamas.

Shimon Peres, ancien président d'Israël et défenseur de la paix, a été récemment battu aux élections présidentielles par Reuven Rivlin, faucon partisan d'une grande Israël
Shimon Peres, ancien président d’Israël et défenseur de la paix, a été récemment battu aux élections présidentielles par Reuven Rivlin, faucon partisan d’une grande Israël

Les enjeux de ce conflit sont nombreux et imbriqués : territoriaux, stratégiques (eau, hydrocarbures), politiques (création et reconnaissance d’Israël et de l’État palestinien), identitaires et religieux. Seulement, pourquoi le conflit israélo-palestinien semble-t-il sans fin ?

Remarquons d’abord que ce genre de conflit de longue durée n’a d’issue que politique et requiert donc un processus de paix (ex : guérilla FARC). L’exception demeure la guerre civile au Sri Lanka qui s’est achevée par une écrasante victoire militaire cinghalaise sur les Tigres tamouls dans un bain de sang. La solution militaire reste peu enviable et contre-productive car elle attise la haine dans un conflit asymétrique.

Quid du facteur culturel maintenant ? Il existe un complexe d’encerclement vécu par Israël qui s’érige en citadelle fortifiée, emmurée et cernée d’ennemis arabes et musulmans : Syrie, Palestine, Jordanie, Egypte et Liban. À cela s’ajoute une culture de la victimisation qui prend sa source dans la longue histoire du supplice juif (une minorité constamment persécutée jusqu’au paroxysme de la Shoah) et qui aboutit au sionisme. Avec la création d’Israël, on assiste à un retournement de situation : les Israéliens sont pour la première fois en position dominante (figure du bourreau) et les Palestiniens sont faibles (figure de la victime, du martyr). Ce facteur culturel est cependant instrumentalisé : la théorie du choc des civilisations et la terminologie trompeuse de « guerre de religion », relayées par les médias, font de la religion un but en soi alors qu’il s’agit d’un moyen, d’un prétexte. Les véritables raisons de la guerre sont d’ordre politique, stratégique et économique. En effet, on ne part pas en croisade pour un Dieu mais au nom d’un Dieu…

La démographie, quant à elle, tient un rôle certain dans ce conflit car elle alimente la peur juive de la disparition. Les chiffres sont éloquents : la population juive mondiale atteint 13 millions de personnes, arabe 420 millions et musulmane 1,6 milliards.

Le facteur socio-économique est évident à l’échelle locale. Le régime d’apartheid et de ghettoïsation au Levant favorise le creusement des inégalités socio-économiques et ethno-religieuses, la fragmentation spatiale : de véritables conditions belligènes.

Le facteur géostratégique et énergétique prime pour les grandes puissances notamment les États-Unis. Leurs intérêts sont considérables au Moyen-Orient (sécurisation des routes de transit d’hydrocarbures) et les Printemps arabes ont déstabilisé une région déjà en équilibre précaire. Israël apparaît dès lors comme un allié, une ancre dans la poudrière moyen-orientale. C’est une des principales raisons du soutien inconditionnel des Américains à l’Etat hébreu (veto américain systématique contre les sanctions onusiennes visant Israël).

Le facteur politique et étatique concerne le sionisme, avatar du néocolonialisme, qui s’exerce en infraction au droit international puisque l’intégrité de la Cisjordanie est violée. L’État d’Israël a été bâti dans la guerre : il s’agit d’un des plus jeunes États de la planète. Il a donc besoin de renforcer son unité en se construisant contre un ennemi : la Palestine. Comme l’affirme Geoffrey Perret à propos des États-Unis, il semble qu’Israël soit « a country made by war ». Les nouvelles générations de dirigeants israéliens sont nés après le déclenchement du conflit mais sont les produits d’un système politique belliciste.

Enfin, il existe un facteur moral non négligeable. Les principaux acteurs du conflit c’est-à-dire le Hamas et l’OLP côté palestinien, le gouvernement israélien, emmené par le tandem Netanyahou/Rivlin, ainsi que les diplomates américains instrumentalisent largement le conflit dans un calcul d’intérêts strictement particuliers. Or, pour résoudre les pires conflits du monde et mettre fin aux tragédies humanitaires, il faut de grands hommes d’État ayant pour premier souci l’intérêt général. Il faut des humanistes visionnaires et pacifistes tels que Gandhi ou Mandela qui, par leur exemple même, leurs idées et leurs actes, ont su insuffler un supplément d’âme à des nations entières. Les détenteurs du prix Nobel de la paix, Barack Obama et Shimon Peres, ne possèdent ni la stature morale ni la crédibilité de leurs illustres prédécesseurs, conditions nécessaires à l’ouverture d’une voie vers la paix.

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Rémy SABATHIE

Secrétaire général et rédacteur géopolitique pour Les Yeux du Monde, Rémy Sabathié est analyste en stratégie internationale et en cybercriminalité. Il est diplômé de géopolitique, de géoéconomie et d’intelligence stratégique.

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